La Perversion Narcissique.
Un peu d’encyclopédie :
« La perversion narcissique est une notion de psychanalyse reposant sur une faible capacité d’empathie associée à un comportement égocentrique, dont les conséquences sont psychologiquement destructrices pour l’entourage de la personne atteinte, en particulier dans le cas d’une relation de couple. Elle est identifiée initialement en 1986 par Paul-Claude Racamier qui décrit une forme particulière de perversion. »
« Le mouvement pervers narcissique se définit essentiellement comme une façon organisée de se défendre de toute douleur et contradiction internes et de les expulser pour les faire couver ailleurs, tout en se survalorisant, tout cela aux dépens d’autrui. »
« La fonction de perversion narcissique est double : il s’agit pour le pervers d’assurer sa propre immunité par-devers le conflit et les douleurs de deuil, et de se valoriser narcissiquement (par rapport à des failles profondes et cachées) en attaquant le moi de l’autre et en jouissant de sa déroute ; cette déroute lui est ensuite imputée, ce qui fait que la jouissance perversive est toujours redoublée. »
Le Pervers Narcissique (PN) est une personne porteuse d’une pathologie grave.
On parle de Psychose Blanche. La psychose est une folie.
On dit qu’elle est blanche car elle ne présente pas les gros symptômes de type hallucination ou délire.
Une Personne Narcissique est une personne accroc à l’image d’elle même mais qui fait tout ce qu’elle fait pour paraitre le faire.
Elle met plus d’énergie dans le fait de rendre une image de ce qu’elle veut être que dans la chose faite.
Exemple : mettre beaucoup d’énergie et de moyens dans le fait de paraitre « aidant », en montrant qu’elle se forme, qu’elle s’instruit dans un but humaniste, alors que dans l’action même d’aider elle n’en met pas ou peu.
Le narcissique est dans la façade, mais si on reconnait sa façade alors son besoin de reconnaissance n’est pas nourri. Et la reconnaissance doit venir de quelqu’un de valable, or quelqu’un de valable met le narcissique en danger…car il risque de découvrir la façade.
Le narcissique va exagérer ses faits et gestes pour être au centre de l’attention : un footing du dimanche va devenir un marathon, un tableau une œuvre d’art hautement emprunte de sens spirituel, etc.
Enfin le narcissique est susceptible, répond aux remarques par des contre-attaques, est centré sur lui-même, donc manque d’empathie… l’autre est son miroir. Il est incapable de comprendre ce qui anime l’autre.
Une personne Perverse est une personne toxique qui a de la jouissance à faire souffrir l’autre…. Mais si son bon plaisir consiste à faire plaisir à l’autre alors elle peut le faire aussi.
La personne Perverse Narcissique conjugue les 2 traits de caractère.
Le problème est qu’elle avance masquée :
Le 1er des masques est celui de la séduction, elle donne à l’autre une image d’elle qui est celle que l’autre veut justement rencontrer (de par son niveau social, intellectuel, artistique, ses loisirs, etc.) Elle va montrer un grand intérêt pour les idées, les pratiques et les centres d’intérêts de l’autre.
Le 2ème masque est celui de la normalité. Elle fait passer tout ce qu’elle fait pour justifié… par une enfance malheureuse, par une convention de société (« tout le monde sait-ça »), voire par humanisme !
Si elle fait telle ou telle chose c’est parce que les autres font quelque chose de pas bien. Et comme elle a tendance à se faire passer pour une victime, on est facilement tenté de la valider.
La Confusion de la pathologie Perverse Narcissique avec d’autres troubles :
c’est dans l’air du temps de parler de PN, de bipolaire, de borderline, de schizophrènes… mais le danger est de mettre tout le monde dans ces schémas un peu trop à la hâte.
Une personne PN ce n’est pas quelqu’un qui de temps en temps veut triompher de l’autre… comme en politique lorsqu’on s’en prend à l’intégrité de quelqu’un pour le battre aux élections. Ce n’est pas se réjouir du malheur d’un automobiliste qui nous a fait trois queues de poisson et finalement ne trouve pas de place sur le parking…
Ce n’est pas non plus un menteur occasionnel qui pour la bonne cause use d’un mensonge « éthiquement recevable », pour prendre soin de l’autre, ne pas le vexer etc.
La personne PN « ment » tout le temps.
Elle ne prend jamais conscience de son problème, les gens normaux oui…. Ils se remettent en question…
Les proies de PN en arrivent parfois à se demander si ce sont elles les perverses… ce qui en soi prouve que non car les PN ne se posent jamais cette question. Même si sur le long terme les victimes arrivent parfois à user des mêmes manœuvres que les PN pour se protéger… ce qui mène parfois au clash final !
La personne PN a souvent une vie émotionnelle haute en couleur :
elle alterne entre des moments d’euphorie où elle est ivre d’elle-même et des moments de dépression (revers ou humiliations…). Elle devient alors froide comme un serpent.
La personne PN a des émotions contrefaites :
elle sait montrer de la tristesse, montrer de la colère car elle a appris à le faire (c’est aussi une façade de protection), par opposition aux vraies émotions qu’on appelle émotions parasites, qui peuvent revenir en boucle, du fond, tant qu’on ne les a pas laissées s’exprimer (en thérapie par exemple).
La personne PN sait qu’elle contrefait l’émotion. Elle en utilise toute la gamme, et précisément celles qui marchent ; par exemple : recevoir des invités après une dispute avec sa victime… La personne PN les accueille, toute avenante, la victime, elle, est en difficulté, voire en pleurs, elle s’isole quelques instants pour reprendre ses esprits.
Confusion possible : le trouble bipolaire.
Les personnes qui en sont atteintes alternent des périodes d’euphorie, de mégalomanie, avec des périodes de dépressions parfois graves. C’est assez proche du tableau émotionnel que l’on peut observer chez la personne PN. Mais le bipolaire, entre 2 crises, redevient normal. Il critique ses crises et aperçoit la normalité, par rapport à son propre état. Le PN… JAMAIS ! Et surtout pas quand on le lui dit.
Autre confusion : l’alexithymie.
Ce sont des personnes coupées de leurs émotions ou qui n’en ont pas conscience. Quand on les remet en question de façon adroite, elles sont capables de se rendre compte qu’il y a quelque chose qu’elles ne « voient » pas. En thérapie ces personnes progressent vite et ont une bonne volonté. La personne PN ne quittera pas sa froideur car derrière il y a du vide abyssal.
Autre confusion : la paranoïa.
Une méfiance extrême donc une incapacité à être proche, un orgueil, une psychorigidité (énoncés de grand principes très intouchables) et la fausseté du jugement (incapacité à percevoir la réalité en nuances).
Le paranoïaque est psychorigide toujours de la même façon pour lui-même et les autres alors que le PN est psychorigide quand ça l’arrange, avec qui ça l’arrange, même si c’est incohérent, et lorsque ça l’arrange aussi il sait afficher un comportement diamétralement opposé !
On observe que les symptômes de certains de ces troubles peuvent être concomitants, et venir aggraver les comportements du PN.
Les étapes d’une relation avec un PN.
Choix de la proie (ou victime) :
La personne PN est un usurpateur, un parasite, un voleur. Elle va aller vers la richesse, la richesse émotionnelle, intellectuelle, matérielle, celle du réseau, vers des gens généreux et de bonne volonté, qui sont capables de se remettre en question, d’écouter l’autre, se poser des questions sur eux-mêmes, de chercher à changer, à prendre en compte ce que dit l’autre.
Mais des gens qui ont une faille : la peur de l’abandon, une carence affective, convaincus de ne pas être dignes d’amour, blessés par des histoires d’abus aussi dans leur passé (physique ou émotionnel), ou ayant une faille de parcours dans leur histoire : divorce, licenciement, une maladie, etc.
Les 3 phases de la relation :
La phase de séduction : la proie vient de divorcer, elle cherche à reconstruire sa vie, elle entame un changement de vie, un changement professionnel. Elle a déjà mis en place des ressources (donc elle montre des aptitudes) … La personne PN la repère.
La phase de ferrage : la personne PN lui propose une écoute, un soutien, un déménagement pour l’aider, elle envisage même la construction d’un projet commun, social ou professionnel…
La phase d’emprise : la domination est en marche… la personne PN trouble l’autre dans ses pensées, lui montre qu’elle était « un peu à coté », la fait douter d’elle-même, elle joue sur le trouble des émotions… souffle le chaud et le froid… puis à nouveau passe en mode séduction, puis désorientation…. Puis elle lui fait faire des choses que la victime n’aurait pas faites seule… prendre des décisions… le stress la déconnecte de son corps. Elle la déshumanise, nie sa parole, elle sait pour l’autre ce qui se passe car elle s’intitule férue de psychologie voire de développement personnel, elle l’accuse de ses propres travers au point que la proie devient sa poubelle psychique. La personne PN sait définir ce qu’est sa victime : « moi (la PN) je n’ai aucun problème, c’est toi (la victime) qui en as…et quand tu me remets en question je te renvoie la question en te disant que le fait même que tu me remettes en question est le signe d’un problème psychologique chez toi… et moi je m’y connais en psychologie…. J’ai étudié le décodage X, la méthode Y, etc. »
La proie a perdu ses repères, elle est vide, elle se raccroche alors au seul pilier qu’elle a à ce moment-là : son PN. Elle est prise au piège ! La relation d’emprise trouve du sens. Il y a le pilier de l’attache… et en plus cette relation vient lui confirmer des croyances qu’elle a, autour de son incapacité à être aimée, son indignité en tant que personne humaine, qu’elle est serviable à merci, qu’elle n’a pas à revendiquer pour ses besoins…
Et on est souvent dans une problématique liée à l’enfance, une guérison difficile ou inaccomplie !
Enfin la proie est seule : elle est doucement mais surement isolée, le PN devient son seul « partenaire » car il installe un piège vicieux qui consiste à séduire tout le monde autour de la victime, de façon à se rendre lui-même irréprochable, ainsi il sera impossible pour la victime de le dénigrer dans cet entourage proche auprès duquel il s’est rendu admirable.
La personne PN avec ses enfants :
Pas besoin de séduction, l’enfant est déjà ferré par son statut d’enfant, qui a des besoins naturels de la part de ses parents.
L’enfant est un prolongement naturel du PN. Il est un faire valoir narcissique du PN. C’est l’enfant qu’on exhibe, celui dont on dit vouloir lui transmettre des valeurs nobles, humaines, lui ouvrir l’esprit au monde, à l’art.
S’il réussit c’est grâce au PN, on lui vole ses victoires. Si l’enfant se met à réussir, avoir des amis, des amours, à grandir au fur et à mesure que le parent vieillit, le PN va chercher à le rabaisser, le détruire, lui faire entendre que s’il change de voie c’est mal, ou à cause de l’influence néfaste de ses amis ou de l’autre parent (dans le cas des séparations). Il va même jusqu’à mettre en place des manœuvres pour l’empêcher de réussir, le changer d’établissement scolaire, lui faire des réflexions cinglantes, voire des colères actives, des menaces d’abandon psychique (le renvoyer vers l’autre parent dans le cas des séparations : « tu n’as qu’à aller vivre avec ton père ou ta mère… »). La personne PN va parfois jusqu’à se victimiser devant l’enfant en lui disant qu’elle est malheureuse d’avoir un enfant aussi mauvais, aussi ingrat et aussi différent de ce qu’il aurait pu être, aussi ressemblant à l’autre parent… alors que c’est le PN lui même qui a fabriqué cet enfant tel qu’il est, ce qu’il ne reconnaitra jamais évidemment.
Seulement 6% des enfants victimes deviennent des parents PN.
Une autre proportion n’en garde que certaines caractéristiques. Souvent ils en ont conscience et s’orientent vers une thérapie.
Une majorité d’enfants s’en sortent. Mais ils risquent eux-mêmes de se retrouver sous emprise plus tard… c’est un environnement familier pour eux donc ils ne s’en méfient pas, ou moins.
Alertes et fin de la relation :
La curiosité doit permettre, dès qu’une relation fait mal, dès qu’un déséquilibre est perçu, une instabilité, que ce soit dans le contexte professionnel, de couple ou social, de se tourner vers des thérapeutes compétents. Et si ce type de relation est « diagnostiqué », alors le conseil est une injonction unanime : FUIR ! C’est la seule solution.
La personne PN peut aussi dans certains cas mettre fin à la relation : c’est un cadeau de la vie ! Il faut l’accepter!
En effet le PN peut se trouver en difficulté pour plusieurs raisons : les résistances inconscientes de la victime peuvent le gêner, voire le déstabiliser, créer des barrières sur un chemin où il se trouve en difficulté lui-même.
Cet acte de destruction peut se trouver stimulé par la concomitance avec d’autres troubles psychiques du PN.
Il est aussi possible que celui-ci ait déjà jeté son dévolu sur une ou plusieurs autres victimes, ce qui rendra facile son acte de rejet, d’autant qu’il en profitera à nouveau pour retourner la situation à son avantage en se faisant passer pour une victime !
La suite du chemin : la reconstruction.
La fin de la relation, que l’initiative revienne à la victime ou au PN, constitue un choc traumatique violent.
La reconstruction passe par une thérapie, c’est incontournable. Elle visera à travailler sur tous les aspects de la personnalité, de l’identité qui ont été mis à mal par le PN. Il faudra retrouver le gout de soi, de ce qu’on aime faire pour soi, retrouver le sens de sa vie. La musique que MOI j’aime, les vêtements que MOI j’aime, les livres, les sorties.
Ce chemin plus ou moins long traversera des deuils successifs :
Le deuil de la relation en elle-même.
Le deuil de n’être JAMAIS compris par le PN, qui continuera à clamer jusqu’à sa mort que tout est de la faute de sa victime. D’ailleurs le PN continuera très souvent d’être toxique, par son comportement, ses dires, sa diffamation… au-delà de la relation.
Le deuil de la soif de vengeance. Elle est inutile. Elle se traduit par des actes, et les actes ont des conséquences. Elle conduirait même à rendre service au PN en le faisant encore passer pour une victime ! De plus la personne PN est tellement mal construite, tellement instable, qu’elle va finir par s’effondrer toute seule. D’autant que les principaux éléments de stabilité qu’elle avait provenaient de tout ce qu’elle avait volé à sa victime.
Le deuil d’un monde idéal, où tous les humains sont de bonne volonté, tous des frères, etc. Les proies en général sont de belles personnes, et il leur est donc très difficile de faire le deuil de cette notion tellement humaniste ! Il leur est difficile d’accepter que le MAL existe.
Faire un travail de reconstruction, de développement personnel, c’est un chemin. Se retrouver soi-même, avec son propre corps, penser avec ses propres pensées, se réancrer à la terre et à la lumière, avoir conscience que l’on existe et qu’enfin on peut s’appuyer sur SOI-MÊME pour exister, pour ne plus être attaché à cette branche morte qui ne peut finir que d’une seule façon. Il faut accepter d’être entouré, aidé : « si tu veux pouvoir prendre la main qu’on te tend, lâche la branche ! »
Ce travail se fait plus facilement avec des professionnels formés à la somatopsychopédagogie, gestalt, l’hypnose Ericksonienne, entre autres.
Pour être objectif il me semble utile de préciser ici que mon travail sur la pathologie de perversion narcissique et le développement personnel est fondé sur mon expérience, car mon chemin de vie a croisé celui d’une femme perverse narcissique. Je souhaite développer ce sujet parmi d’autres pour informer et aider toutes les personnes qui sont dans ma situation, et aussi par reconnaissance à toutes celles qui m’ont aidé à m’en sortir.
Gwénaël Knichel.
Prendre soin ensemble du corps et de l’esprit
Connaitre la possibilité d’avoir du choix !