La vengeance et la justice.

Aucune vengeance ne saurait être juste. Lorsque l’on se venge on ne juge pas, mais on répond à une souffrance reçue par une souffrance infligée.

La passion (de la vengeance) s’oppose à la raison (de la justice). Ce serait la différence essentielle et fondamentale entre vengeance et justice.

Par conséquent la vengeance crée un déséquilibre dans une relation, un écart plus grand entre force et faiblesse. La notion de justice par contre implique un tiers, le juge, qui applique le droit, et non la force, et qui en principe rétablit un « équilibre » …

oui mais entre quoi et quoi ? Entre deux souffrances ? Deux individus ?

Comment s’apprécie l’équilibre entre une peine de prison pour un assassin et le deuil d’un enfant pour ses parents ? Entre une peine de prison pour un braqueur et la perte de quelques milliers d’euros pour une banque ?

La vengeance et la morale

On a pour habitude d’entendre toutes sortes de théories sages qui condamnent moralement le discours de la vengeance, ce qui a souvent pour contrepartie une amplification du discours de victimisation. En effet dès lors que la victime n’est plus autorisée à parler ou agir contre le coupable, autrement que par la voie prétendument objective de la justice, il ne lui reste alors que le discours victimaire pour s’exprimer.

Donc : non à la vengeance et oui à la plainte ?

Et si un acte de justice, un bienfait pouvait créer cet équilibre ?

Le jugement du noyé :

Une coutume africaine raconte que la seule manière de retrouver la sérénité après le meurtre d’un être cher est de sauver une vie.

Si quelqu’un s’est fait assassiner, l’année de deuil pour ses proches prend fin avec la tenue d’un rituel que les africains appellent « le jugement du noyé ».

Une nuit de fête est organisée près d’une rivière. A l’aube, l’assassin est mis dans une barque, pieds et poings liés puis jeté à l’eau. La famille de la victime doit alors faire un choix entre le laisser se noyer ou se jeter à l’eau pour lui sauver la vie. Si elle choisit de le laisser se noyer, alors justice sera faite, mais pas le deuil qui n’aura jamais de fin. Si elle le sauve et admet que parfois la vie est injuste, alors son chagrin prendra fin.